Un regard neuf sur le monde
Pour bien comprendre le pourquoi du circuit, il faut partir de la terre de Creuse. Pour Pierre Bardinon il ne s’agissait pas d’une campagne comme les autres. Sa famille y a ses racines. Il a été élevé ici en temps que Creusois, dans un pays où tout est rude et tout est fort, comme les odeurs qui montent le soir, des odeurs de terre, d’humus, avec une certaine qualité de l’air qui fait que l’on respire mieux tout-à-coup. C’est son héritage.
Il y était profondément attaché. C’est donc, en Creuse, que s’est inscrit la trajectoire de Pierre, sa vie était à l’échelle de l’horizon qu’on y découvre.
Adolescent, Pierre Bardinon ne savait peut-être pas avec précision que son existence allait s’épanouir au Mas-du-Clos. Il était certainement plus sensible au bruit et à la fureur des voitures de course qu’au silence des soleils couchants de la Creuse. Et pourtant, c’est de ce mariage étonnant que va surgir un des plus beaux circuits du monde de sport auto. L’idée de la création du circuit pour piloter un prototype comme un kart c’était avant tout l’idée d’un homme qui voulait voir sa région « bouger » tout en se faisant plaisir. Pouvoir assister à une conduite sportive de belles voitures à domicile. Ce circuit pour sensations fortes en asphaltes sans devers à connu ses heures de gloire. Avec un roulage parfait pour une voiture de sport et virage bien dessinée pour rouler avec des bolides. On peut voir la vue aérienne de ce circuit en asphalte ou ligne droite et chicane s’enchainent.
La piste en épingle joue les prolongations, en effet après un premier tracé de 400 mètres, on voit arriver une piste de 1 kilomètre, en 1967, tout est terminé.
Cela fait boule de neige dans le milieu du sport automobile: on annonce qu’un nouveau Brands Hatch vient de se créer en Creuse.
La première écurie à essayer cette piste a été la légendaire écurie Matra avec sa collection de bolides. Le pilote Pescarolo, suite à sa sortie de route choisit le Mas-du-Clos pour se remettre en piste. Puis Ligier, Alpine, Dunlop, viennent réaliser leurs essais.
Jim Clark est venu tourner les roues de voitures au circuit du Mas du clos et a dit : ” surtout, Pierre, ne va pas plus loin” En clair il voulais expliquer qu’ouvrir ce circuit au public, c’est faire homologuer le circuit pour des compétitions officielles. “Oui, je pouvais aller plus loin” dit Pierre “mais, tel qu’il est le circuit permet d’accueillir les meilleures équipes françaises, se faire des connaissances dans l’univers que j’apprécie”. C’était le but parler d’une passion qui tourne autour du cylindre, de l’endurance et de la compétition. Les voitures de prestiges sont venues ici.
Ceux qui sont venus les premiers furent Ferrari, Bugatti, Bentley. Tous en même temps pour le plaisir. Dans un deuxième temps Porsche sera sur les lieux en 1971, puis Facel-Vega, Gordini, Aston-Martin, Peugeot, Mercedes, Alfa-Romeo, Toyota, Bmw. Cet endroit était magique pour les constructeurs, pour les relations publiques, pour le sport ou la promotion d’un modèle, pour connaître, et une fois que l’on connaît pour y retourner très vite.
Pierre indique à ce sujet que la saison est finalement très courte, la longueur de l’hiver en Creuse en est la cause, à peine 8 mois , le taux d’occupation doit se mesurer sur avril-novembre. Il fallait donc réserver sa place à l’avance pour le stage de pilotage et les essais. L’activité du circuit apportait, sur le plan économique près de 7.000 nuitées par an à l’hôtellerie régionale, sans oublier la restauration et les commerces.
Pierre parle… Yanne, à ses côtés écoute, partage ses souvenirs et ses projets. L’œuvre d’un couple, le Mas-du-Clos. Une œuvre pour les amis :
« Rien pour moi n’est plus grand que d’aimer des amis qui partagent la passion de piloter, de prendre le volant. Des amis qui viennent pour se faire plaisir, pour nous faire plaisir, partager ensemble la même passion sans convoitise, sans jalousie, ceux qui sont sur les pistes du championnat du monde ».
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